« Et toutes les nations connaîtront la vérité, et tous les peuples ta gloire, car tu les as fait entrer [dans] ton [Alliance glo]rieuse. » (Hy. VI, 12).
Ce serait oublier que les Goyim n'entrent jamais dans la Communauté sans s'être préalablement convertis à la Torah. La foi en le « Maître de Justice » (Damas I, 11) n'a aucun sens si elle ne le désigne pas comme le juste interprète de la loi de Moïse (Mt. V, 17). L’opposition paulinienne vient de ce que la foi en Jésus Christ n'appelle pas à l'intégration des nations dans le peuple d'Israël. Elle exprime tout au contraire le rejet de la Torah qui le constitue. Pour les Esséniens, il n'y a plus de différence, grâce à l’intégration et à la victoire finale sur les nations (Guerre XIV, 5). Pour Paul, il n'y a jamais eu de différence, parce qu'au regard de (son) Dieu l'intelligence de l'esprit appartient à chaque homme.
L'on voit bien, dans la Règle de la Communauté, que le zèle pour la loi détermine l'adhésion a priori. Celle-ci ne peut être reçue que d'un fils d'Israël : « Et quiconque, issu d'Israël, sera volontaire pour s'adjoindre au Conseil de la Communauté, l'homme qui est l'évêque à la tête des Nombreux l'examinera sur son intelligence et sur ses actes. » (Règle VI, 13-14) (Mt. X, 5-6 et XV, 24). Non seulement la conversion des nations en tant que telles n'est pas légale, mais en outre, à l'intérieur d'Israël, l'on ne considère que ceux qui ont l'esprit droit, c'est-à-dire, qui sont aptes à la discipline (Règle VI, 13-14). La loi est ici la condition de la foi. Il est demandé aux convertis « de garder la foi et le droit strictement selon la justice de Dieu. » (Ibid. X, 25).
Avoir foi en Jésus Christ consiste au contraire à reconnaître en lui la puissance de la fin des temps qui annule la loi, parce que le malheur de l'incarnation prend fin (Rm. VIII, 3). Paul recherche désormais la justice de Dieu « en dehors de la loi » (Ibid. III, 21), en contradiction avec le législateur de la Communauté des Saints, « le Chercheur de la loi » (Damas VI, 7). Il lit dans « le langage de la croix » (1 Co. I, 18) que la mort de Jésus n'est pas plus méritée, qu'elle n'accomplit le jugement de Dieu. Le mystère est levé. La croix signale l'étroite voie dans ciel pour sortir du monde. Le Christ exhibe la victoire sur la loi du péché, aussi bien que sur la loi du monde, en abandonnant un corps mort, sans la vie duquel aucune de ces lois n'existe (1 Co. XV, 54-57).