« [Mais qu'est-il, lu]i, l'esprit charnel, pour comprendre toutes ces choses et pour avoir l'intelligence de [ton] grand secret de vérité ? Et qu'est-ce que celui qui est né de la femme parmi toutes [tes œuvres] formidables ? Lui, il n'est qu'une bâtisse de poussière et une chose pétrie avec de l'eau. » (Hy. XIII, 13-15)
Le corps constitue pour Paul une entrave à la libération absolue et à la participation à la vie de l'esprit, selon le mode d'être glorieux du ressuscité (1 Co. XV, 44). Il forme un embarras pour l'homme de foi. Il limite la connaissance de l'au-delà ; de telle sorte que le converti n'a d'autre choix que de se fier à l'évangile du Christ dans l'attente de la mort de son corps (2 Co. V, 7).
« Etre là avec notre corps c'est être loin du Seigneur. » (2 Co. V, 6)
L'on relève de même dans l'Ascension d'Isaïe : « Le Seigneur Christ, qui doit être appelé Jésus dans le monde ; mais son nom, tu ne peux pas l'entendre, jusqu'à ce que tu sois monté hors de ta chair. » (Asc. Is. IX, 5) (2 Co. V, 16). Notons l’enseignement dans le Quatrième livre d'Esdras : « Comment donc toi, vase d'argile, pourrais-tu saisir la voie du Très-Haut ; car la voie du Très-Haut a été créée dans l'inaccessible et tu ne peux pas, toi qui es corruptible, connaître la voie de ce qui est incorruptible. » (4 Esd. IV, 11). D'un enseignement essénien, qui veut que l'homme n'ait accès à la connaissance des mystères de Dieu qu’avec le concours de l'esprit saint que Dieu veut bien lui accorder, l'on en vient à l'idée que la connaissance vraie n'est accessible que par l'effacement du corps.
« Avec assurance » (2 Co. V, 8), l'apôtre réalise son acte de foi dans le Christ. Il a acquis la conviction qu'il est une mort du corps qui donne la vie de l'esprit. Il a ainsi fait son choix de la vie après la vie, plutôt que l'erreur d'une vie qui n'est qu'une mort annoncée.
Malgré la charge de l'incarnation, le converti cherche à retrouver la vie de l'esprit, dès ici-bas. « Les œuvres [du] corps » (2 Co. V, 10) participent au projet que forme l'espérance ou n'y prennent point part, selon que la loi de l'esprit réalise en lui « le bien », ou la loi du péché, « le mal » (Ibid. 10). La façon dont l’adhérent gère son corps, tel un « athlète » (1 Co. IX, 25) ou tel un viveur (1 Co. XV, 32 ; VI, 9-10), lui procure ou non les « arrhes de l'esprit » (2 Co. V, 5) ; car le sanctuaire ne saurait être souillé. Soit l'homme réalise la délivrance de cet autre lui-même à la mort de son corps (Ibid. 10) (Php. III, 11-12), soit il disparaît en l'abîme de l'anéantissement pour n'avoir point su édifier en son être l'esprit de vie éternelle (Hy. XIII, 16) (voir la justification de l'espérance des Justes en 1 Hé. CII, 4-CIV, 6) (voir également le sort des âmes après la mort en 4 Esd. VII, 45-VIII, 3).
« Le bien » (2 Co. V, 10), comme choix de l'homme terrestre, est lié à la vie évangélique qui devient proclamation de la parole par l'exemple qu'elle offre et l'imitation qu'elle suscite (Ibid. 11). Il est obéissance à « la vérité » (Rm. II, 7) (Hy. XIII, 18-19). « Le mal » (Ibid. 10) se découvre dans « les œuvres du corps » contraires à l'édification de l'esprit. Il correspond à l'obéissance à « la loi du péché » (Rm. VII, 23), à « l'esprit charnel » (Hy. XIII, 13). Il se nourrit des « œuvres de la loi » qui portent « du fruit pour la mort » (Rm. VII, 5) et dont il est dit que par elles, « nulle chair ne sera justifiée » (Rm. III, 20).