Les paragraphes 28-36 se retrouvent en Hom XIII, 3-11. Pierre enseigne la doctrine de la religion à Mattidia. Relevons une règle intangible qui a fait l’objet d’un développement lors de notre lecture des Homélies : « Nous ne tenons pas table commune avec les gentils, à moins qu’ils n’aient cru, et qu’ayant reçu la vérité ils n’aient été baptisés et consacrés par une triple invocation du nom bien heureux ; alors, nous prenons notre nourriture avec eux. » (Ibid. 29, 3.) Nous voyons que le baptême est administré au nom des trois personnes de la Trinité, comme le demande l’Evangile de Matthieu dans un avant-dernier verset qui ne présente aucun caractère d’authenticité : « Allez donc à toutes les nations, faites-en des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. » (Mt XXVIII, 19.) Nous trouvons cependant dans les Reconnaissances un baptême administré au nom du Prophète : « Il institua pour [les Hébreux] le baptême d’eau, dans lequel, par l’invocation de son nom, ils seraient délivrés de tous leurs péchés. » (Rec I, 39, 2.) Il s’agit du baptême de Jean, à rapprocher de l’immersion « au nom de Jésus Christ » des Actes des apôtres (II, 38) où le rituel de l’imposition des mains complète celui de l’immersion : « [Les samaritains] avaient seulement été immergés au nom du seigneur Jésus. Alors, ils posèrent les mains sur eux et recevaient l’Esprit saint. » (Ibid. VIII, 16.)
L’imposition des mains apparaît comme un rituel ajouté qui n’avait pas lieu dans le cadre baptismal de Jean ou de Jésus. Le don du saint Esprit peut également survenir soudainement sans aucun rituel d’imposition des mains3 ; c’est le cas des païens de Césarée : « Qui peut refuser l’eau de l’immersion à ceux qui comme nous ont reçu l’Esprit saint ? [Pierre] prescrivit de les immerger au nom de Jésus Christ. » (Ibid X, 47-48.) Nous voyons que dans la tradition pétrinienne l’imposition des mains est relative au rituel de guérison. Nous savons également qu’après la séparation des nazaréens et des baptistes, le baptême de Jean n’est même plus reconnu en tant qu’immersion simple. Les immergés de la tradition baptiste passés chez les chrétiens doivent se soumettre à un nouveau rituel d’immersion suivi de l’imposition des mains4. Notons que l’imposition des mains est pratiquée par Pierre lors de l’ordination de l’évêque Zachée suivant Hom III, 72 repris en Rec III, 66. Il ne peut s’agir d’un rite en vue de recevoir une seconde fois l’Esprit saint, mais d’un rituel de passage au rang d’évêque qui confère le sceau de la perfection.
1 Voir Hom XII, 6, 4.
2 Voir Rec II, 1, 2.
3 Ce qui contrarie la théorie de la chaîne apostolique.
4 Voir Ac XIX, 1-7.