Les Smyrniotes s’impatientent et mandent la présence de Jean. Celui-ci est accueilli par « toute la ville ». S’avance le notable Antipatros qui exhorte le prédicateur faiseur de miracle à guérir ses fils jumeaux, maintenant âgés de trente-quatre ans et frappés depuis leur naissance par un démon. La maladie décrite ressemble à l’épilepsie. Le père ajoute : « Enfants, ils souffraient modérément, mais, maintenant qu’ils sont devenus virils, ils se sont attirés des démons virils eux aussi. » (56) A cours de remède, il est prêt à faire mourir ses fils. Il offre « cent mille pièces d’or » pour leur guérison ; Jean répond : « Mon médecin ne reçoit pas d’argent pour salaire, mais il guérit gratuitement et, en échange des maladies, il recueille les âmes de ceux qui ont été guéris. » (Ibid.) En échange de la guérison de ses enfants, Antipatros doit être prêt à donner sa propre âme à Dieu. Voici l’invocation de Jean : « Toi qui consoles toujours les humbles et qui es appelé à l’aide, toi qui n’a jamais attendu d’être appelé à l’aide, car tu es présent avant que nous commencions à invoquer ton aide, fait que les esprits impurs soient expulsés des fils d’Antipatros ! » (57) Jean guérit les enfants hors de leur présence. Il enjoint le père de donner l’argent aux pauvres.
Le sous-titre original qui signale le déplacement de l’apôtre est ici sauvegardé par les manuscrits. Jean prend congé en laissant « beaucoup d’argent » à distribuer aux pauvres. Plusieurs fidèles l’accompagnent, dont les principaux sont : Andronicue et Drusiane, Lycomède et Cléobius, Aristobula, veuve de Tertullus, Aristippe avec Xénophon et « la prostituée devenue chaste » (59).
En route pour Ephèse, la petite troupe fait halte dans une auberge. Le seul lit disponible est attribué à Jean tandis que ses disciples couchent par terre. Mais le lit est infecté de punaises, ce qui déclenche l’hilarité générale. Jean commande aux insectes : « Je vous le dis, ô punaises, montrez-vous bienveillantes ; toutes ensemble, abandonnez en cet instant votre demeure, restez tranquilles en un seul lieu et tenez-vous loin des serviteurs de Dieu ! » (60) Au réveil, les premiers levés voient avec étonnement que les punaises sont rassemblées près de la porte de la chambre. Jean leur parle à nouveau : « Puisque vous avez été tout à fait bienveillantes en respectant mon avertissement, regagnez votre place. » (61) Et les insectes en procession de regagner le lit. L’apôtre explicite la morale de la fable : « Ces animaux, quand ils ont entendu la voix d’un homme, sont demeurés tranquilles de leur côté, sans transgresser l’ordre. Mais nous, quand nous entendons la voix de Dieu, nous désobéissons aux commandements et nous cédons au relâchement. Jusqu’à quand ? » (Ibid.)