Il est indispensable de revenir aux sources du christianisme pour redécouvrir la signification des idées de vérité, de foi, d’amour, de loi, de dieu, et pour mieux comprendre les valeurs et les enjeux de la pensée dualiste des cathares. Bien loin de son devenir romain, le christianisme des origines est multiple en ses interprétations de l’enseignement de Jésus. Il surgit au cœur d’un judaïsme aux multiples facettes, dont il porte les croyances. Le dualisme chrétien naît des contradictions entre la Bible hébraïque, que l’on appellera « Ancien Testament », et les Evangiles que l’on appellera « Nouveau Testament ». L’évangile de rupture que dévoile la correspondance de l’apôtre Paul deviendra le document fondateur de l’hérétique Marcion et la caution du gnostique Valentin.
Il s’agit de la fameuse dispute qui mit aux prises l’apôtre Paul et Jacques, le frère de Jésus. Deux visions de l’ère messianique inaugurée par Jésus s’opposent. Jacques assume sa responsabilité dynastique. Après la mort de Jésus, il a été élevé par les Anciens à la tête de la communauté nazaréenne de Jérusalem. Pierre et Jean sont à ses côtés. Il ne conçoit pas que quiconque puisse entrer dans le règne des cieux sans être juif ou sans avoir été préalablement converti. Paul à une conception universaliste du règne de l’esprit. Pour lui, la loi de Moïse a perdu sa légitimité. La crucifixion constitue une rupture essentielle. La justification de l’homme ne dépend plus des œuvres selon la loi, mais de la grâce gratuitement donnée à celui qui met sa confiance en Jésus Christ.
Comprendre la Bible hébraïque et les Evangiles dans leurs fondements théologiques et l’histoire de leurs processus éditoriaux, c’est aussi les opposer. L’histoire du christianisme primitif est constituée d’une série de ruptures qui l’écartent du judaïsme. Rupture entre Jésus et Jean le baptiste. Rupture des hellénistes qui s’éloignent des nazaréens par leur fuite à Antioche. Rupture entre l’apôtre Paul et Jacques, le frère de Jésus. Expulsion des nazaréens et des hellénistes de la synagogue rabbinique. Rupture radicale de Marcion qui rejette la Bible hébraïque au nom de la raison chrétienne. La vieille tradition d’Israël est non seulement contradictoire avec la non-violence évangélique, mais elle est de plus légendaire. Le christianisme hétérodoxe se comprend et se vit dans la quête de l’amour universel.