En tant qu’auditeur, j’ai assisté à une « conférence à deux voix » donnée par Mme Anne Brenon, historienne du catharisme médiéval, et par M. Michel Jas, pasteur protestant (Eglise réformée de France). M. Roger Parmentier, pasteur « hérétique », a présenté les conférenciers. « Je pense, a-t-il affirmé, que les cathares étaient plus chrétiens que ne le sont et que ne l’ont été les catholiques et les protestants. » Dans son enthousiasme, il a dit tout le bien qu’il pensait de l’œuvre de Mme Brenon et tenta de conclure en suggérant que celle-ci, par son travail, « ressuscitait » les cathares. Le contresens n’a pas échappé à l’historienne qui a rapidement rectifié l’erreur d’interprétation en assurant le public de sa démarche strictement « laïque » : « Je ne crois ni à diable ni à dieu, a-t-elle dit, je suis une vivante d’aujourd’hui qui parle des vivants d’autrefois. »
L’objectivité en histoire peut conduire à l’inverse du but recherché. Le bon historien devrait dépasser les faits et chercher à pénétrer l’intériorité des acteurs qu’il fréquente. Le refus de l’esprit condamne l’historienne de la religion à ne connaître les cathares du Moyen Age que du dehors. Comment entrer en intimité avec eux sans une connivence philosophique et religieuse, sans tenter aussi de reprendre leur expérience de vie ? En dressant une barrière idéologique, l’historienne ne fait-elle pas preuve de réductionnisme ? Elle pose a priori l’hypothèse qu’il n’y a rien à connaître au-delà des faits. Il n’y aurait que des éléments factuels et le néant.
Dénier l’existence aux cathares d’aujourd’hui ne résulte pas d’une analyse scientifique. L’argumentaire emprunte tant à la magie qu’à la théologie catholique.
Pour Mme Brenon, les cathares sont définitivement morts et leurs cendres dispersées, parce que « l’imposition des mains ne peut plus être pratiquée ».
De deux choses l’une,
Lorsque j’ai été invité à l’ouverture du synode de l’Eglise réformée évangélique de France, il y a quelques jours au Mas d’Azil, j’ai trouvé le pasteur Bernard Bordes bien plus charitable que l’historienne. Il a présenté « le théologien cathare » et l’évêque catholique avec une égale simplicité à l’assemblée.
La thèse de Mme Brenon n’est pas nouvelle. Irénée de Lyon l’a élaborée à la fin du IIème siècle. Le pape Benoît XVI se fonde sur cette doctrine pour refuser aux protestants la légitimité de se constituer en Eglise. Ils ne sont à ses yeux qu’une communauté ecclésiale « en rupture avec la chaîne sacramentale ». Il n’est pas suivi par l’évêque de Pamiers pour qui l’unité en Jésus le Nazaréen est première. Aussi, importe-t-il moins que l’arborescence des Eglises se déploie dans la diversité des textes et des interprétations.
Vous êtes invités à parcourir les nouveaux développements du site www.chemins-cathares.eu depuis la dernière pleine lune. Vous noterez, sur l’Agenda, le rendez-vous solsticial du 21 juin à la bastida dels catars, et les balades philosophiques dans la grotte de Lombrives les 23 juin et 11 juillet.